De l'huile
La journée de travail est bientôt finie. La dernière demi-heure, c'est du gâteau. En principe.
Un couple de jeunes retraités s'avance vers la caisse et commence à déballer leurs affaires sur le tapis. L'homme et la femme se disputent gentiment à propos du règlement des articles. Ils ne font pas compte commun, chacun veut payer plus que l'autre. C'est souvent le cas. A croire que celui qui déboursera le plus aura la considération de sa moitié.
Bref, j'attends patiemment qu'ils se décident.
La femme sort bientôt une bouteille d'huile du panier et s'apprête à la déposer de "son côté". L'homme n'est pas d'accord. Il veut l'acheter.
La pauvre bouteille d'huile passe de main en main. J'interviens en leur demandant de faire attention. Mais, ma phrase n'est pas encore achevée que la bouteille glisse des mains du client et éclate par terre, sous la caisse.
Je suis très énervée contre eux et leur comportement très enfantin. Evidemment, je garde mon calme.
Le couple semble embêté, gêné voire honteux. On dirait des enfants pris en faute.
Je regarde l'étendue des dégâts... De l'huile, en plus ! Cela va être facile à nettoyer. Je devrais leur faire payer la bouteille, ça leur servirait de leçon.
Les clients s'avancent vers la caisse et je scanne leurs articles. Au moment de partir, la femme me lance "Et puis, désolée pour l'huile". Je trouve les excuses un peu légères.
Je suis en train de ramasser les morceaux de verre à la main. Il me faudra ensuite nettoyer par terre avec des feuilles d'essuie-tout, puis passer deux ou trois fois la serpillère. Bien sûr, le liquide a coulé sous l'étalage de bonbons. Il me faut le déplacer. Une collègue se dévoue pour m'aider.
Je suis à quatre pattes sous la caisse lorsqu' un client s'avance vers moi avec son charriot. Il va pour mettre ses articles sur le tapis. Je lui explique que la caisse est fermée, et pour cause.
"Dans ce cas-là, faudrait peut-être mettre la barre. Rien n'indique que la caisse est fermée", dit-il.
Il parle sérieusement, là ?