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Les réflexions d'une hôtesse de caisse
1 juillet 2011

Cadeaux et clients jamais contents

Les collègues m'ont prévenue. La journée va être absolument terrible, nous allons en voir de toutes les couleurs. Pourtant, aujourd'hui, nous donnons des cadeaux. Les clients devraient être contents, non ?

La règle est simple. Un sac isotherme est offert à tous les clients détenteurs de la carte de fidélité et dont le montant des courses dépasse 50 euros.

Nous n'avons reçu aucun merci tout au long de la journée. Mais ça, passe encore. Nous ne sommes plus attachées à ce genre de choses.

Des clients tentent de frauder pour acquérir deux sacs.

Une femme passe à la caisse avec sa fille, jeune adulte. Elle ont deux comptes différents. Je scanne les articles du premier compte. Le montant dépasse 50 euros et la cliente possède la carte du magasin. Bien évidemment, je lui offre un sac. La dame est ravie. Je passe ensuite au second compte, qu'elle présente comme celui de sa fille. Je demande à la cliente si elle possède une autre carte de fidélité. Elle m'invite à  repasser la même que tout à l'heure. Je m'exécute.

Le cliente paie les achats avec sa carte bancaire, utilisée précédemment. Au moment de partir, la femme me demande si je peux lui donner un autre sac. Je réponds par la négative. Je ne peux pas lui en donner un autre puisqu'elle a utilisé la même carte de fidélité pour les deux comptes.

A ce moment-là, la femme se transforme en dragon et me parle sur un ton très agressif. Pour un sac isotherme ! Elle prétend que sa fille avait une autre carte de fidélité et que je ne lui ai pas expliqué le règlement. Si je ne lui donne le sac, elle ira se plaindre auprès de ma collègue à l'accueil. Pincez-moi !

Je tiens tête à la cliente mais devant tant de puérilité, je décide de lui jeter le sac isotherme. Elle le récupère, soulagée. Et part, en lançant un "ça, c'est fort !". Oui, c'est fort !

Les clients suivants qui ont assisté à la scène ont du mal à y croire et me soutiennent. S'énerver ainsi pour un sac isotherme, mais où allons nous !

La journée est loin d'être finie, elle réserve bien d'autres (mauvaises) surprises.

A dix-sept heures, nous n'avons plus aucun sacs à offrir aux clients. Ma collègue me prévient, nous allons nous faire lyncher. L'expérience parle toujours.

Pendant deux heures trente, les caissières ont du essuyer les foudres de tous les clients mécontents. Certains ne souhaitaient plus de leurs courses. D'autres s'interrogeaient sur le bon fonctionnement du magasin. Les caissières, ces idiotes,  n'avaient pas prévu assez de sacs. Parce que, évidemment, les hôtesses de caisse étaient responsables.

A la place, nous offrons des jolis draps de plages. Je passe un couple de jeunes retraités. L'homme marmonne dans sa barbe. Je l'entends qui fustige le magasin et les caissières par la même occasion. Je sens que cela va être éprouvant.

Vient son tour. Evidemment, le montant dépasse 50 euros. Il paie par chèque. Je dépose le drap de plage sur la caisse. L'homme le trouve minable. Je ne me laisse pas intimider. S'il n'en veut pas, ce n'est pas grave. Je joins le geste à la parole en remettant le drap sous la caisse. Le client me dit : "Je vais le prendre quand même".

J'ai besoin d'une pièce d'identité avec le chèque. L'homme fait du mauvais esprit. "Je suis comme vous, dit-il, je suis en rupture de stock. J'ai plus de carte d'identité". J'insiste.

Je crois que cette journée a été la goutte d'eau...

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Commentaires
J
Les clients ont largement payé leur sac isotherme. Mais ils ont l'impression d'avoir fait une bonne affaire. <br /> <br /> Nous sommes en plein dans la société de consommation.
A
Je dis souvent que plus rien ne me surprend mais je ne suis pas pour autant imperméable à de telles attitudes (notamment celle de l'homme ; puéril oui, c'est le mot)<br /> <br /> Si les gens s'avilissent pour un sac isotherme... c'est beau le matérialisme...
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